Et si nous allions rendre visite à nos amis de l’Observatoire de Centre Ardenne en Belgique ?
Quatre heures de route et nous voici arrivés dans le gîte 4 étoiles de Renuaumont à l’Ouest de Liège. Au rez de chaussée, une piscine intérieure (avec déshumidificateur d’air !) et au deuxième étage une salle de billard.
Vous vous penchez à la fenêtre ?
Vous êtes en pleine campagne wallonne et sous vos yeux s’ébattent dans le champ de la ferme voisine une vingtaine de daims.
Michel ne nous refuse rien quand il organise nos virées astros.
Rien n’est trop beau pour nous aussi quand nous arrivons à l’Observatoire de Centre Ardenne en fin de matinée pour y manger nos sandwichs : frigo rempli à ras bord de bières locales et une devise affichée au dessus du bar du club :
Superbe devise, immédiatement adoptée par nous tous !
Sur place, ma copine Carine (ma journaliste préférée !) et son compagnon viennent nous rejoindre.
Sami et Giles Robert de l’ACA (Astronomie Centre Ardenne) sont là pour nous accueillir.
Nous avons une chance inouïe, car Giles est l’initiateur du projet d’observatoire.
Il nous en raconte l’histoire mouvementée.
Le club est né lors du dernier passage de la comète de Halley en 1986.
Giles faisait parti de la section locale du CNB, le Cercle des Naturalistes – et non pas des Naturistes ! – de Belgique.
Une association créée comme Quasar 95 par un tout jeune adolescent, Léon Woué, en 1957.
Elle regroupe maintenant plus de 60 sections locales réparties dans toute la Belgique, gère une quinzaine de réserves naturelles et forme des animateurs en entomologie, botanique et géologie, notamment.
Giles nous accueille avec une photo et une musique de William Herschel, qui en plus d’être astronome était compositeur, ce que j’ignorais.
Assis à côté de sa maman et devant le plus vieux, le plus jeune astronome amateur de notre équipe de copains.
En 1986, Giles qui est également passionné d’astronomie propose d’organiser des séances publiques d’observation de la comète Halley.
Ce sera un fiasco à cause du temps couvert qui ne permettra pas de la voir aux habitants de la région de Neufchâteau.
Habitants qui se déplaceront cependant en masse.
De fait, Giles acquière une petite notoriété et avec quelques amis décide 1988 de se construire un observatoire sur un terrain privé dont on leur a laissé l’usage.
Ils construiront ainsi une première coupole,… pour faire partager leur passion du ciel.
Puis on leur cédera un second dôme, ce qui les obligera à construire un second bâtiment.
Mais en 2004, le beau projet s’écroule.
Ils doivent céder le terrain d’Offaing qui doit être vendu.
Giles décide de tout plaquer…
Mais c’est sans compter sur sa notoriété, ce qui fait réagir les élus et le bourgmestre de la ville de Neufchâteau.
La ville leur loue par bail emphytéotique un terrain idéalement situé sur le hameau de Grapfontaine.
Terrain idéal, concernant la pollution lumineuse quasi absente et surtout situé près d’un réservoir d’eau communal avec un branchement électrique.
L’eau, l’électricité et le terrain…
Il ne restait plus qu’à déplacer les 2 coupoles !
A gauche de l'image, les deux premières coupoles. A droite, la coupole PMR.
Mais la passion de Giles ne s’arrête pas à faire de l’astro entre copains.
Son idée est de faire redescendre ce qui sort des deux coupoles vers un public le plus large possible.
Quel public ?
En premier lieu les scolaires, puis les touristes qui viennent visiter la Wallonnie.
Il faut alors des coupoles de grandes dimensions, motorisées, permettant l’accueil simultané de 5 à 6 personnes.
Il faut une salle pour que les scolaires qui viennent la journée puissent manger.
Il faut une salle de cours, pour que de l’observation on puisse passer aux explications scientifiques.
Il faut des permanents, pour faire les animations et les travaux de maintenance.
En un mot, il faut un vrai observatoire, avec des instruments dignes de ce nom.
Les montagnes sont faites pour être gravies.
Giles le sait bien.
Il va déplacer les montagnes et les faire venir en Ardenne.
Les dernières coupoles de l’Observatoire de Centre Ardenne seront inaugurées le 26 octobre 2013.
Le nouveau bâtiment comporte une salle d’accueil, une salle d’exposition attenante, une salle didactique avec vidéoprojecteur et 2 nouvelles coupoles de 4,50 m abritant :
• Ulisse, un télescope Planewave CDK de 610 mm d’ouverture, l’un des plus puissants de Belgique, sur une monture Mathis,
• Un télescope MPT de 300 mm couplé à une lunette de 125mm de fabrication Lichtenknecker Optics.
Surtout ne parlez pas à Giles de leur monture monture neuve d’occasion. Il va devenir rouge écarlate, prêt à vous péter un joint de culasse!
Télescope Planewave de 610 sur monture Mathis
Télescope MPT 300 et lunette de 150 de Lichtenknecker Optics
Une autre des priorités de Giles : les handicapés, exclus de notre monde de l’observation.
Il en découlera la construction en 2014 d’une troisième coupole de 4,50 m pour les personnes à mobilité réduite.
Elle est équipée d’un Célestron C11 transformé en foyer Nasmyth dans l’axe de déclinaison pour que l’oculaire soit toujours à la même hauteur.
Remarquable : son montage très particulier de rotation en ascension-droite par une plateforme tournante équipée d’une nacelle élévatrice permettant à l’handicapé de venir observer avec sa propre chaise roulante !
Cette coupole a été baptisée
«L’accessible étoile» en référence à la chanson de Jacques Brel
«L’inaccessible étoile».
La coupole PMR avec son très ingénieux système de nacelle élévatrice et sa plateforme de rotation asservie.
Si l’ingéniosité de Giles vous laisse pantois… Vous n’êtes pas au bout de vos surprises !
Le système tournant de l’une des 2 premières coupoles sera remonté avec des tubes de canalisations d’eau en polyéthylène souple espacés de 2 cm comme guides haut et bas.
Les billes de roulement sont assurées par 300 balles de golf usagées !
Enfin, on ne peut bien faire comprendre aux scolaires et au grand public notre place dans l’espace que par une séance de planétarium.
Il a été ajouté par l’OCA une autre coupole de 4,50m au bâtiment principal pour faire des projections 3D avec un système de projection numérique du type LSS.
Inutile de vous préciser qu’au lieu d’avoir une séance de plané comme nous nous y attendions, nous avons eut droit à un cours technique sur la manipulation et la confection d’animations spécifiques au LSS par Sami, Yann et Simon!
Planétarium LSS de l’OCA. Le lit pliant est destiné à passer le plus rapidement possible de la théorie aux travaux pratiques!
Heureusement pour nous et pour abréger notre incompréhension des scénarii projetés, nous avons été appelés par les enfants du groupe au lancement de leurs fusées à eau.
Merci à l’OCA de leur avoir permis de démonter leurs talents de constructeurs de fusées en bouteilles de Coca.
Nos astronomes en herbe en pleine démonstration.
Remarquez la concentration de Charlotte pour sa mise à feu… C’est du sérieux !
Il est temps maintenant de vous parler d’une activité que nous avons essayé de développer chez Quasar 95, mais sans succès : la recherche et la détection de météores.
L’ACA fait cette même recherche, non pas en visuel, mais par radio détection.
Leur système s’appelle BRAMS qui est l’acronyme de Belgian Radio Météor System.
Il consiste en un émetteur basé à Dourbes et d’une trentaine de stations de réception, dont Grapfonfaine.
Lorsqu’un bolide pénètre dans l’atmosphère, il créé une trainée ionisée qui réfléchit les ondes radio émises par l’émetteur de Dourbes.
Un récepteur au sol calé sur la fréquence de l’émetteur peut recevoir le signal réfléchit pendant une fraction de seconde à quelques dizaines de secondes.
La durée du signal reçu dépend de la taille du bolide. On peut également en déduire sa masse, sa trajectoire et sa vitesse.
En haut, le récepteur radio et en bas l’écran du système BAMS.
Les courbes penchées sont les traces d’avions. La trainée horizontale au milieu de l’écran est celle d’un bolide.
La nuit approche et il est temps de penser à nous restaurer.
Pendant que Samy s’active à la cuisson du barbe queue...
Nous mettons la table et débouchons les bouteilles de bière.
Crédit photo : Simon Lericque
Vers 20 heures, les adhérents de l’ACA arrivent un à un.
Crédit photo : Simon Lericque
Pour les faire patienter... Un verre de bière, nous leur faisons admirer les dessins de Michel et Simon et leur donnons quelques exemplaires de la revue du GAAC.
Les membres de l’ACA ont reporté l’une de leur réunion de bureau d’association pour nous accueillir.
Au vu le temps et l’impossibilité d’observer, ils nous ont organisé une conférence sur
«Un thermomètre pour étoile. Mesure de la température d'une étoile à l'aide d'un télescope d'amateur» animée par Pierre de Ponthière du club Astronamur.
Pierre est un astronome amateur de renommée internationale, un très, très grand spécialiste des étoiles variables.
Conférence de Pierre de Ponthière dans la salle didactique. Crédit photo : Simon Lericque
Mille mercis à tous les membres du club ACA qui étaient présents et qui nous ont accueillis, à Christian Wanlin son très sympathique Président que je retrouverai avec le plus grand plaisir début novembre aux Rencontres du Ciel et de l’Espace à La Villette et surtout à Giles, que je n’ai plus maintenant à vous présenter.
Christian Wanlin, Président de l’ACA et Giles Robert, initiateur de l’Observatoire. Crédit image : La capitale.
Merci très appuyé a mon ami Michel Pruvost du Groupement d’Astronomes Amateurs Carriérois pour nous avoir permis de vivre de week-end inoubliable de partage et de passion.
Crédit photo : Simon Lericque.
Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient faire une petite virée en Ardenne belge, l’OCA met à notre disposition sur son terrain un bungalow tout équipé (2 lits, sanitaires, kitchenette) pour la modique somme de 35€ pour 2 personnes ou 25€ pour une personne.
