Le mardi 25 juillet
Je me réveille à 2h du matin.
Le ciel au zénith est clair et des centaines étoiles scintillent.
Cependant, tout l’horion Sud est obstrué par les nuages.
Le bruit du vent dans les feuillages alentours me rappelle que la prise au vent de mon 460 n’est pas négligeable.
Je ne sais pas si Elisabeth et Jean-Louis sont restés sur le terrain ou ont partis se coucher.
M’habiller pour aller voir me tente bien, mais serait-il judicieux d’aller passer le reste de ma nuit à aller observer le ciel alors que la fatigue du trajet de la nuit et de la journée du lundi n’est pas effacée ?
Assurément non.
Je vais donc me recoucher.
Au matin j’apprendrai que mes 2 compagnons sont restés à observer entre les nuages qui défilaient jusqu’à 3h30 du matin.
Des furieux… oui, mais combien sympathiques !
Michel (El Gourou) était aussi de la partie pou essayer de faire une mosaïque d’images de M31 à M32.
Il a tempêté une partie de la nuit, car bien souvent ses prises de vue étaient stoppées par le passage de nuages sur le point du ciel visé et tout était à recommencer !
Le résultat est bon.
Qui d’entre nous aurait pu en douter ?
La dure préparation des nuits d’observation… Michel au travail… dans tous ses retranchements !
Jean-Claude et Monique sont partis de bonne heure pour aller chez le médecin, car Monique souffrait du dos.
L’infection rénale de Françoise, qui l’a empêché de venir cette année à la Chavadrôme, semblerait-elle faire des ravages ?
Ils n’étaient pas rentrés pour le déjeuner du midi.
Après le repas du midi, une partie de l’équipe va se coucher pour attaquer en pleine forme la nuit qui s’annonce encore vient ventée, l’autre partie va assister à une séance pratique d’information et de formation sur le logiciel de traitement d’image DSS.
Explications très intéressantes, mais oh! combien compliquées pour un néophyte comme moi.
Dark, Flat, Offset, bon ça va, mais c’est la limite… mais attention, tout s’embrouille quand on vous parle de l’offset des darks ou de l’offset des flats !
Après un petit somme et un souper copieux, direction le terrain d’observation.
Je ne suis pas venu ici pour rien et il faut que je prenne en main mon matériel.
Après une sérieuse collimation, j’attaque par ce magnifique croissant de Lune qui s’échappe à l’Ouest, au ras des montagnes.
Il est bien bas et je ne peu l’observer qu’assis sur l’herbe.
Il y a de la turbulence et les brusques et fortes rafales de vent viendront pendant toute la nuit perturber mes observations.
Malgré la forte surface de la jupe de l’Obssession, je n’ai pas de mal à le tenir.
Il est parfaitement équilibré.
Certaines rafales sont cependant si fortes qu’il faut bien le cramponner pour tenir fortement appuyé mon arcade sourcilière contre la bonnette de mon oculaire.
Une des rafales fera même tomber la valise d’oculaire de Jean-Louis dont le couvercle était resté ouvert.
Dépité, il abandonnera l’observation… mais restera avec nous toute la nuit, allongé sur son transat pour admirer le ciel.
Michel d’Orionis, avec l’ancien télescope de JCB.
Après une petite virée sur Jupiter (sans détail dans les bandes de nuages) et sur Saturne, j’attaque mon observation, bien décidé à en découdre avec ce ciel plus que correct où viennent se perdre quelques passages nuageux.
J’essaie de tester le bon fonctionnent de mon «push-tout» NGC-MAX.
Les résultats sont meilleurs que lors de mon premier essai à la maison, mais ne donnent guère satisfaction.
Il va bien me falloir un jour me plonger dans les dédales linguistiques du manuel d’utilisation, hélas écrit en anglais.
J’ai un vieux compte à régler avec M51 dans la Grande Ourse, à peine discernables lors de ma dernière observation à Frouville avec Franck.
Elle est bien là, mais très faible, si faible, avec aucun détail dans ses bras spiraux.
Pourquoi est-elle si ténue ?
Je n’en sais absolument rien, car j’ai en souvenir une vision beaucoup plus détaillée.
Je ne suis pas venu voir ici ce que je peux voir à Frouville ou à Vaudancourt.
Je me dirige vers la constellation du Scorpion pour aller faire un petit salut amical aux amas globulaires M4 et M80.
J’essaie de trouver l’amas globulaire NGC6144 de magnitude 9,1 mais ne réussit pas à dénicher ce fichu objet tout proche d’Antarès.
Je passe ensuite au Sud de la constellation d’Ophiucus pour aller voir si les deux amas globulaires M62 et M19 sont toujours là.
Ils le sont !
La constellation du Sagittaire plus à l’Est me tend les bras.
Je continue sur ma série des amas globulaires : M54, M70, M69, et le plus beau M22.
Quelle superbe vision !
Je file ensuite sur M28 et les deux les amas ouverts M23 et M25.
La constellation de l’Aigle plus haute dans le ciel me tente.
J’y retrouve avec toujours la même satisfaction le magnifique amas ouvert du Canard Sauvage M11.
Il est 1h30 du matin et nous nous retrouvons tous autour du café traditionnel pris en commun sur le terrain.
Jean d’Orionis nous a apporté en complément un petit alcool baptisé pour tromper l’ennemi «Verveine».
Il abandonnera bientôt Orionis, car il souhaite passer sa retraite dans sa maison Auvergnate.
La réunion commune de 18 heures
Le Michel - d’Orionis également - passe me voir et me demande de trouver M17, la Nébuleuse de l’Oméga dans la constellation Scutum.
Je me rappelle avoir passé 2 nuit complètes sous les quolibets de mes camarades de WebAstro au Margériaz il y 2 ans pour arriver enfin à la trouver.
Elle se trouve en plein milieu de la Voie Lactée, perdue dans tout ce fourmillement dense d’étoiles.
C’est encore pour moi une mission impossible.
Il me la trouve et la place en plein milieu de mon oculaire.
La boucle du 2 qu’elle forme ne me saute pas aux yeux immédiatement ?
Avec le filtre UHC, le contraste est plus criant, mais la boucle du 2 est toujours faiblarde.
Est-ce ma vue qui change ou ma mémoire qui se joue de moi ?
Avec mon point rouge et l’incroyable clarté du chercheur 7X50 Skywatcher que j’ai monté sur mon Obssession, je cherche et trouve une méthode simple pour la retrouver.
Je pars des deux étoiles basses les plus à l’Est formant le côté de la théière, prolonge la ligne imaginaire de leur alignement jusqu’au bord Ouest de la Voie Lactée avec mon point rouge.
Il ne me reste plus alors qu’à abaisser le télescope en la recherchant dans le chercheur.
Elle est bien visible, comme une petite tache floue.
Mercredi 26 juillet
Couché à 2h40, je suis réveillé à 7h30 par les gémissements des deux chiens qui jouent devant ma fenêtre.
J’essaye de me rendormir, mais n’y arrive pas.
Après la douche et un rapide petit-déjeuner je vais voir sur le terrain si le vent n’a pas fait de dégâts sur mon matériel.
Hormis ma table de camping retournée, rien n’a bougé.
Hier après-midi, la prise au vent de la bâche avait basculé mon siège d’observation qui servait de lest au télescope.
Avant de partir la nuit dernière je l’avais lestée avec une pierre.
Je pense qu’ainsi le télescope ne bougera plus.
Après le repas du midi, pris malgré les rafales intermittentes de vent à l’extérieur sous l’ombrage des tilleuls, je m’apercevrais que l’Obssession a de nouveau tourné en entraînant la pierre.
Quel saleté ce vent !
A table, Geneviève m’apprendra que mon copain Bernard, trésorier du club des Pléiades à Beaumont-lès-Valence n’est pas venu, car il s’était pris de bec l’an dernier avec un gars qui lui aussi n’est pas revenu cette année.
Quel gâchis ces humeurs entre astrams !
Chacun a ses propres défauts.
Ne peut-on supporter ceux des autres pendant une petite semaine ?
Bernard, je voudrais te dire que je regrette beaucoup ton absence.
Quand nous reverrons-nous si tu ne viens plus aux Chavadrômes ?
Le plaisir de prendre son repas sous les frondaisons de la ferme du Casage.
Jean-Claude et Monique sont partis ce matin faire le plein d’herbes de Provence au typique et odorant marché de Buis-lès-Baronnies.
Hier le médecin a diagnostiqué que Monique n’avait qu’une simple lombalgie, ce qui est douloureux mais pas très grave fort heureusement.
Il est bien rare de trouver sur un même terrain d’observation 2 TOA 150 de Takahashi.
En cours d’après-midi, après un court repos réparateur, je vais me prendre une douche et je plonge dans la piscine.
Quel délice !
Il fait 28 à 30° et la température de l’eau est inférieure de 3 à 4° à celle de l’extérieur.
Cela rafraîchit sans faire frissonner.
La sensation est si agréable que je rentrerais dans ma chambre sans m’essuyer, laissant la suave chaleur du Soleil sécher ma peau.
De gauche à droite : Jean-Louis, Stéphanie, Hervé (debout), Michel (Orionis), Jean (Orionis).
Ce soir, Josette nous a préparé un sauté de mouton avec un écrasé de pommes de terre.
Extra !
C’est le ventre bien rempli que je pars vers le terrain d’observation.
Nous n’observerons certainement pas ce soir, car le ciel est largement couvert par des nuages d’altitude.
Je prépare cependant mon Dobson pour l’observation, plus par acquit de conscience que par nécessité.
Erreur, une heure après le ciel se dégage.
Il y a de la turbulence et il reste encore quelques nuages, mais l’on peut très largement observer.
J’attaque donc le programme que je me suis préparé dans l’après-midi pour prendre en main mon télescope :
Jean et son C8.
• M63 ou la galaxie du Tournesol dans la constellation des Chiens de Chasse (Canès Vénatici), entre les étoiles Alkaïde et Cor-Caroli, bien visibles
• L’amas globulaire M3. Impossible de voir les étoiles guides de Coma Bérénice qui me servent habituellement de jalon. Il me faudra aller la chercher au pif à l’Ouest de l’alignement Alkaïd- Arcturus,
• La galaxie M94 de la constellation de Canès-Vénatici, également au pif, car l’étoile Béta-Vénatici n’est pas visible,
• L’amas globulaire M53 de la constellation Coma Bérénicès, que je suis obligé d’aller chercher sur l’alignement Arcturus-Muphrid,
J’échoue lamentablement sur l’amas globulaire M5 dans la constellation de la Queue du Serpent (Serpens Caput). J’abandonne un peu dépité car je n’ai pas trouvé d’autre alignement sur lequel le situer, hormis celui sur les étoiles de la constellation Serpens Caput que je n’arrive pas à repérer dans un ciel pourtant dégagé à cet endroit.
Je continue sur :
• L’amas ouvert M7, dans la constellation du Scorpion que je n’ai pu faire hier car il était trop bas sur l’horizon,
J’attaque ensuite les objets d’une constellation qu je ne connais pas du tout, la constellation d’Ophiuchus.
Je prends le temps d’en repérer toutes les étoiles guides avant de me lancer dans la recherche de deux amas globulaires superbes, mais trop souvent ignorés :
• M10, sur l’alignement Saabik - 27κ,
• M12 sur l’alignement 18ζ - 27κ.
Bruno et Michel d’Orionis qui passaient me voir profiteront également de leurs visions à l’oculaire,
• L’amas globulaire M107.
Je file ensuite pour en terminer avec Ophiuchus sur l’amas globulaire M14.
Dans mon programme d’observation j’avais retenu la petite nébuleuse planétaire NGC 6790 située à côté de l’étoile Deneb-Okab dans la constellation du Cygne.
Cet objet est hélas maintenant situé au zénith et sans escabeau, volontairement laissé à la maison, cet objet m’est actuellement inaccessible…
Mais ma toute belle, ce n’est que partie remise !
Je terminerais ma soirée en allant rechercher M17 que j’ai eu un peu de mal à rechercher la nuit dernière.
Ma méthode en partant de l’alignement des deux étoiles basses formant le côté Est de la théière fonctionne parfaitement.
J’appelle Michel pour lui faire voir que je l’ai retrouvée et mise dans l’oculaire, mais il est déjà parti se coucher.
Pierre s’était isolé en bout du champ pour être tranquille…raté !
Je terminerai ma nuit d’observation par l’amas globulaire M2 dans la constellation du Verseau (Aquarius) qui est facile à repérer sur l’alignement des étoiles Sadalsuud et Enif.
En passant souhaiter une bonne fin de nuit aux copains restés sur le site d’observation, je retrouve Elisabeth et Jean-Louis en pleine recherche de tachouilles merdiques.
Elisabeth vient de trouver 2 petites galaxies dans la constellation de Véga.
Elle me demande de les regarder dans son oculaire.
Rien.
Rien de rien.
Je ne vois rien !
Jean-Louis arrive à la rescousse et commente sa vision : «Là, haut à droite, j’en vois une… Oui, l’autre est en bas».
Comment font-ils pour voir l’invisible ?
Il est 3h30 quand je me plonge sous la couette du lit.